Chinoiserie

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Chinoiserie

THÉOPHILE GAUTIER (1811-72)

Ce n’est pas vous, non, madame, que j’aime, Ni vous non plus, Juliette, ni vous, Ophélia, ni Béatrix, ni même Laure la blonde, avec ses grands yeux doux. Celle que j’aime, à présent, est en Chine ; Elle demeure, avec ses vieux parents, Dans une tour de porcelaine fine, Au fleuve jaune, où sont les cormorans ; Elle a des yeux retroussés vers les tempes, Un pied petit, à tenir dans la main, Le teint plus clair que le cuivre des lampes, Les ongles longs et rougis de carmin ; Par son treillis elle passe sa tête, Que l’hirondelle, en volant, vient toucher, Et, chaque soir, aussi bien qu’un poète, Chante le saule et la fleur du pêcher.
Chinoiserie
Madam, you’re not my love, and nor are you, Beatrice, nor you, Juliette, nor you, Ophelia; nor yet, with her great, soft eyes, golden Laura. In China at this very hour, seeing her parents, is my lover, in a fine porcelain china tower, with cormorants, on the Yellow River. Eyes at the temples gathered in; long finger-nails, emblazoned gules; paler than lamps of brass, her skin; feet, in my safe hands, minuscule. Out through the lattice comes her face, brushed on the wing by veering swallow. Each evening she with poet’s grace sings the peach-blossom and the willow.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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Symphony in White Major

Symphonie en blanc majeur

THÉOPHILE GAUTIER (1811-72)

Symphonie en blanc majeur
De leur col blanc courbant les lignes, On voit dans les contes du Nord, Sur le vieux Rhin, des femmes-cygnes Nager en chantant près du bord, Ou, suspendant à quelque branche Le plumage qui les revêt, Faire luire leur peau plus blanche Que la neige de leur duvet. De ces femmes il en est une, Qui chez nous descend quelquefois, Blanche comme le clair de lune Sur les glaciers dans les cieux froids ; Conviant la vue enivrée De sa boréale fraîcheur A des régals de chair nacrée, A des débauches de blancheur ! Son sein, neige moulée en globe, Contre les camélias blancs Et le blanc satin de sa robe Soutient des combats insolents. Dans ces grandes batailles blanches, Satins et fleurs ont le dessous, Et, sans demander leurs revanches, Jaunissent comme des jaloux. Sur les blancheurs de son épaule, Paros au grain éblouissant, Comme dans une nuit du pôle, Un givre invisible descend. De quel mica de neige vierge, De quelle moelle de roseau, De quelle hostie et de quel cierge A-t-on fait le blanc de sa peau ? A-t-on pris la goutte lactée Tachant l'azur du ciel d'hiver, Le lis à la pulpe argentée, La blanche écume de la mer ; Le marbre blanc, chair froide et pâle, Où vivent les divinités ; L'argent mat, la laiteuse opale Qu'irisent de vagues clartés ; L'ivoire, où ses mains ont des ailes, Et, comme des papillons blancs, Sur la pointe des notes frêles Suspendent leurs baisers tremblants ; L'hermine vierge de souillure, Qui pour abriter leurs frissons, Ouate de sa blanche fourrure Les épaules et les blasons ; Le vif-argent aux fleurs fantasques Dont les vitraux sont ramagés ; Les blanches dentelles des vasques, Pleurs de l'ondine en l'air figés ; L'aubépine de mai qui plie Sous les blancs frimas de ses fleurs ; L'albâtre où la mélancolie Aime à retrouver ses pâleurs ; Le duvet blanc de la colombe, Neigeant sur les toits du manoir, Et la stalactite qui tombe, Larme blanche de l'antre noir ? Des Groenlands et des Norvèges Vient-elle avec Séraphita ? Est-ce la Madone des neiges, Un sphinx blanc que l'hiver sculpta, Sphinx enterré par l'avalanche, Gardien des glaciers étoilés, Et qui, sous sa poitrine blanche, Cache de blancs secrets gelés ? Sous la glace où calme il repose, Oh ! qui pourra fondre ce coeur ! Oh ! qui pourra mettre un ton rose Dans cette implacable blancheur !
Symphony in White Major
CURVING their white necks’ sinuous line, we see in Northern fairy-lore swan-women on the storied Rhine sing as they swim beside the shore. We see them doff their plumage bright, hang on some branch their feathered gown, so that their skin shines forth, more white yet than the snow of their own down. Of these swan-women there is one who steers to us her odysseys, and she is white as gleaming moon on glaciers under frozen skies. Her beauty boreal, frigid-fresh, leads the besotted reeling mind to banquets of pearl-tinted flesh, orgies of whiteness unconfined! Her breast, snow moulded in a globe, challenges all the white camellias, taunts the white satin of her robe, enters on duels contumelious. In all these whiteness-jousts hard-fought, the only victor is that bosom: jealous, though no revenge is sought, yellows the satin, and the blossom. On her shoulder dazzling white, Parian marble sparkle-grained, as upon a polar night, frosts invisible descend. Of what snowy granule pure, of what marrow of a reed, host or candle of the choir, is her body’s whiteness made? Did they take the milky sap spilt on winter sky’s blue vault, or the silver lily’s pap, or the sea’s white spume of salt; pallid flesh of chill white marble, seat of live divinities; shineless silver, milky opal that mild glimmers iridise; ivory, when her hands take wing, and like two white butterflies hang their kisses shuddering on frail tips of melodies; ermine that, unsullied, pure, lest they shiver, shields and warms, swathes with whiteness of its fur high-born shoulders, coats-of-arms; quicksilver in mazy pattern, blooms on hallowed glass; the sprite, weeping, at the pools of fountains, tears in sharp air lacy-white; thorn-tree bowed by all its flowers, white with hoar-frost of the may; alabaster that endowers, prinks the pallors of dismay; white down snowing from the dove, falling on the manor’s eaves; stalactites dropt from above, a white tear in a black cave? From Norway’s fjords and Greenland’s floes the Seraphita does she bring? She, the Madonna of the snows, white sphinx of winter’s fashioning, a sphinx by avalanche interred, guarding the glacier seas star-studded, with secret, white, and frozen word safe in her own white breast embedded? Who shall melt that heart’s repose, thaw its ice-bound reverie, introduce a tint of rose in that whiteness sans merci?
Seraphita: the poet’s white cat. Also the title of a Balzac novel he admired, set in Norway.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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Proposition to George Sand

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Proposition to George Sand

ALFRED DE MUSSET (1810-57)

Quand je mets à vos pieds un éternel hommage Voulez-vous qu’un instant je me change de visage? Vous avez capturé les sentiments d’un cœur Que, pour vous adorer, forma le Créateur. Je vous chéris, Amour, et ma plume en délire Couche sur le papier ce que je n’ose vous dire... Avec soin, de mes vers, lisez les premiers mots Vous saurez quel remède apporter à mes maux. Elle répond : Cette insigne faveur, que notre cœur réclame, Nuit à ma renommée et répugne à mon âme.
Proposition to George Sand
When I lay deathless homage at your feet, Will you desire my face to change one whit? You have enthralled this heart, which powers above Have formed to love you, and that you may love Me in return, my dear one! Can my pen Lie, writing what my lips dare not say plain? With care, peruse the leading words I send: You shall discover how my woes may end. Her Reply: This signal favour shames and gives offence. Night yields to day: my loving heart consents!

Translation: Copyright © Timothy Adès

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On His Grave

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On His Grave

ALFRED DE MUSSET (1810-57)

Mes chers amis quand je mourrai Plantez un saule au cimetière J’aime son feuillage éploré La pâleur m’en est douce et chère Et son ombre sera légère À la terre où je dormirai.
On His Grave
When I at last to rest am laid, My friends, come plant a willow tree, So sweet, so pale, so dear to me. I love the way its branches weep, And it shall cast a gentle shade Upon the earth where I shall sleep.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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Butterflies

Les Papillons

Gérard de Nerval (1808-55)

Les Papillons
I De toutes les belles choses Qui nous manquent en hiver, Qu’aimez–vous mieux? — Mois, les roses; — Moi, l’aspect d’un beau pré vert; — Moi, la moisson blondissante; Chevelure des sillons; — Moi, le rossignol qui chante; — Et moi, les beaux papillons! Le papillon, fleur sans tige, Qui voltige, Que l’on cueille en un réseau; Dans la nature infinie, Harmonie, Entre la plante et l’oiseau!… Quand revient l’été superbe, Je m’en vais au bois tout seul: Je m’étends dans la grande herbe, Perdu dans ce vert linceul. Sur ma tête renversée, Là, chacun d’eux à son tour, Passe comme une pensée De poésie ou d’amour! Voici le papillon faune, Noir et jaune; Voici le mars azuré, Agitant des étincelles Sur ses ailes D’un velours riche et moiré. Voici le vulcain rapide, Qui vole comme l’oiseau: Son aile noire et splendide Porte un grand ruban ponceau. Dieux! le soufré, dans l’espace, Comme un éclair a relui… Mais le joyeux nacré passe, Et je ne vois plus que lui! II Comme un éventail de soie, Il déploie Son manteau semé d’argent; Et sa robe bigarrée Est dorée D’un or verdâtre et changeant. Voici le machaon–zèbre, De fauve et de noir rayé; Le deuil, en habit funèbre, Et le miroir bleu strié; Voici l’argus, feuille–morte, Le morio, le grand–bleu, Et la paon–de–jour qui porte Sur chaque aile un œil de feu! * Mais le soir brunit nos plaines; Les phalènes Prennent leur essor bruyant, Et les sphinx aux couleurs sombres, Dans les ombres Voltigent en tournoyant. C’est le grand’paon à l’œil rose Dessiné sur un fond gris, Qui ne vole qu’à nuit close, Comme les chauves–souris; Le bombice du troëne, Rayé de jaune et de vert, Et le papillon du chêne Qui ne meurt pas en hiver! Voici le sphinx à la tête De squelette, Peinte en blanc sur un fond noir, Que le villageois redoute, Sur la route, De voir voltiger le soir. Je hais aussi les phalènes, Sombres, hôtes de la nuit, Qui voltigent dans nos plaines De sept heures à minuit; Mais vous, papillons que j’aime, Légers papillons du jour, Tout en vous est un emblème De poésie et d’amour! III Malheur, papillons que j’aime, Doux emblème, À vous pour votre beauté!… Un doigt, de votre corsage, Au passage, Froisse, hélas! le velouté!… Une toute jeune fille, Au cœur tendre, au doux souris, Perçant vos cœurs d’une aiguille, Vous contemple, l’œil surpris: Et vos pattes sont coupées Par l’ongle blanc qui les mord, Et vos antennes crispées Dans les douleurs de la mort!…
Butterflies
I Of all the fine treasure That winter forecloses, What gives the most pleasure? — For me, I say roses; — For me, fair green meadows; — The ripening harvest, Blonde tress of the furrows; — Nightingale’s melodies; — For me, brilliant butterflies! Butterfly, untethered flower, Leaping and cavorting, yet Captured in a cruel net. Nature’s world, infinity: Bud and bird in harmony! When proud summer comes to pass, I go lonely to the wood. There I lie in tallest grass, Lose myself in the green shroud: Watch above my upturned head Every one of them go by. Thoughts of love, of poetry! See the Monarch butterfly: Black and gold his livery… Purple Emperor in flight, Sparks of light Scurrying On his rich, shot–velvet wing. Red Admiral, he can speed Like a bird: Black and splendid is his wing, Poppy–ribbons blazoning. Brimstone Yellow flashes past, Lightning–fast; Pearl or brown Fritillary, All my field of sight is he: II He spreads like silken fan His mantle silver–sewn: With shifting gold And emerald He gilds his motley gown. Zebra stripe of Swallowtail, Black and tawny–yellow hue; Marbled White, black–draped and pale, Chequered Skipper, streaked with blue; Argus, dead leaf; Camberwell Beauty; Large Blue — rare, so rare; And the Peacock, brandishing, On each wing, Eye of fire! * Brown our fields, at fall of night. See the Moths’ Noisy flight: First a dusky Sphinx, in shade, Twists and turns his escapade. Here comes the Great Peacock Moth, Pink eyes on a grey back–cloth: Like the bats, the flittermice, It’s at nightfall that he flies. Privet Hawk–Moth, funny fellow, Stripes on grub of green and yellow; While the Oak Procession Moth Laughs at winter, cheating death. There’s a Sphinx displays a skull, White on black, piratical: In the byways he appals Villagers, as evening falls. Moths, grim guests of night, I hate: Which in our fields gyrate From seven till too late. But, my precious Butterflies, Fluttering in daylight skies, You are all a symbol of Poetry, a pledge of love. III Woe, my precious butterflies, Who symbolise: Woe betide your loveliness. Passing finger comes to bruise, To abuse Your velvet dress. Some young girl, Tender–hearted, smiling, sweet, Looks in mild surprise on you, Stabs your heart with needle through; And your feet She’ll curtail, Nip with pale Finger–nail, Your antennæ crimp and curl, With a pain that’s terminal!

Translation: Copyright © Timothy Adès

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From Ramsgate to Antwerp

De Ramsgate à Anvers

Gérard de Nerval (1808-55)

De Ramsgate à Anvers
À cette côte anglaise J’ai donc fait mes adieux Et sa blanche falaise S’efface au bord des cieux! Que la mer me sourie! Plaise aux dieux que je sois Bientôt dans ta patrie, Ô grand maître anversois! Rubens! à toi je songe, Seul peut–être et pensif Sur cette mer où plonge Notre fumeux esquif. Histoire et poésie, Tout me vient à travers Me mémoire saisie Des merveilles d’Anvers. Cette mer qui sommeille Est belle comme aux jours, Où, riante et vermeille, Tu la peuplais d’Amours. Ainsi ton seul génie, Froid aux réalités, De la mer d’Ionie Lui prêtait les clartés, Lorsque la nef dorée Amenait autrefois Cete reine adorée Qui s’unit aux Valois, Fleur de la Renaissance, Honneur de ses palais, — Qu’attendait hors la France Le coupe–tête anglais! Mais alors sa fortune Bravait tous les complots, Et la cour de Neptune La suivait sur les flots. Tes grasses Néréides Et tes Tritons pansus S’accoudaient tout humides Sur les dauphins bossus. L’Océan qui moutonne Roulait dans ses flots verts La gigantesque tonne Du Silène d’Anvers, Pour ta Flandre honorée Son nourrisson divin À sa boisson ambrée Donna l’ardeur du vin! — Des cieux tu fis descendre Vers ce peuple enivré, Comme aux fêtes de Flandre, L’Olympe en char doré, Joie, amour et délire, Hélas! trop expiés! Les rois sur la navire Et les dieux à leurs pieds! — Adieu, splendeur finie D’un siècle solennel! Mais toi seul, ô génie! Tu restes éternel.
From Ramsgate to Antwerp
To the far English coast I’ve said my goodbyes. Its white cliffs are lost at the brink of the skies. Smile, waves! and gods, grant we’re p– arked soon on the strand, at anchor at Antwerp, in Rubens’s land! This lugger is pitching, and rolling, and stinking. I’m skulking, and retching: yet of you, sir, I’m thinking! By the past I’m inspired, by verse, and your canvas; my memory’s fired by the marvels of Anvers. They laughed and they shone, those somnolent waves, that in days dead and gone you peopled with Loves. A genius alone, you disdained what was true, put the seas of Ionia, so bright and so blue. In a gilded careen she came alongside, the darling Scots queen, for the Dauphin, a bride. A flower of learning, a court of renown: then England, returning an axe for a crown. At first her good fortune survived every snare: by courtiers of Neptune the glass was set fair. Your Tritons paunch–tumid, your sea-nymphs well–stacked, were lounging all humid on dolphins round–backed. The sea–god’s retainers let the green frothing sea roll to the Scheldt, for Silenus, a very big barrel. He honoured your Anvers with liquors divine, to her brewmaster’s ambers gave courage of wine! To the Flemish Kermesse you brought down Olympus in a golden calèche on a heavenly nimbus. Joy, love, and the revel, more bitter than sweet: twin crowns on the vessel, the gods at their feet! Farewell to past splendours And pageant of years. Great master of Flanders, Your genius endures!
[caption id="attachment_2743" align="alignleft" width="306"]Maria de' Medici arriving at Marseille Nerval imagines a Rubens picture like this actual one of Maria de' Medici arriving at Marseille in 1600 (in Rubens's lifetime) to be Queen of France.[/caption]

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The Girl Cousin

La Cousine

Gérard de Nerval (1808-55)

La Cousine
L’hiver a ses plaisirs; et souvent, le dimanche, Quand un peu de soleil jaunit la terre blanche, Avec une cousine on sort se promener... – Et ne vous faites pas attendre pour dîner, Dit la mère. Et quand on a bien, aux Tuileries, Vu sous les arbres noirs les toilettes fleuries, La jeune fille a froid... et vous fait observer Que le brouillard du soir commence à se lever. Et l’on revient, parlant du beau jour qu’on regrette, Qui s’est passé si vite... et de flamme discrète: Et l’on sent à rentrant, avec grand appétit, Du bas de l’escalier, – le dindon qui rôtit.
The Girl Cousin
The pleasures of winter, when Sunday comes round: Weak sunlight has gilded the snow on the ground; Your cousin and you go out walking together: ‘And don’t keep us waiting for dinner,’ says Mother. The Tuileries Gardens. The trees, black and bare; You’ve seen all the costumes so flowery there. The young girl feels cold, and you’re moved to remark It’s late, and the mist’s getting up in the park. So you talk, going home: lovely day, what a shame It’s over so soon ... and the decorous flame... Your appetite’s stirred, at the foot of the stair: A roast turkey dinner is scenting the air!

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The Unfortunate

El Desdichado

Gérard de Nerval (1808-55)

El Desdichado
Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé, Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie: Ma seule Étoile est morte, – et mon luth constellé Porte le Soleil noir de la Mélancolie. Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m’as consolé, Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie, La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé, Et la treille où le Pampre à la Rose s’allie. Suis-je Amour ou Phœbus? ...Lusignan ou Biron? Mon front est rouge encor du baiser de la Reine; J’ai rêvé dans la Grotte où nage la Sirène... Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron; Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.
The Unfortunate
I, the obscure, the widowed, unconsoled, The prince of Aquitaine at the slighted tower: A black sun is the star-sign of my lyre, For melancholy: my one star lies cold. Come, in death’s dark, to one you have consoled: Grant me Posillipo’s Italian shore; Give to my grieving heart its precious flower, Its arbours with wild vines and roses scrolled. Am I Love, or Phoebus? Lusignan, or Biron? The kiss, the queen’s kiss, lingers, blushing on My brow; I dreamed in caves, where swam the siren… Victorious twice I traversed Acheron, Sounding in turn, on Orpheus’ lute, the sighs Of the fair saint, and the enchantress’ cries.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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Horus

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Horus

Gérard de Nerval (1808-55)

Le dieu Kneph en tremblant ébranlait l'univers Isis, la mère, alors se leva sur sa couche, Fit un geste de haine à son époux farouche, Et l’ardeur d'autrefois brilla dans ses yeux verts. « Le voyez-vous, dit-elle, il meurt, ce vieux pervers, Tous les frimas du monde ont passé par sa bouche, Attachez son pied tors, éteignez son oeil louche, C'est le dieu des volcans et le roi des hivers ! » L’aigle a déjà passé, l’esprit nouveau m’appelle, J’ai revêtu pour lui la robe de Cybèle... C’est l’enfant bien-aimé d’Hermès et d’Osiris ! » La déesse avait fui sur sa conque dorée, La mer nous renvoyait son image adorée, Et les cieux rayonnaient sous l’écharpe d’Iris.
Horus
The god Kneph quaked, the skies in shellshock rolled. Then Mother Isis rose upon her bed, Gestured in hate at her rough spouse, and said, Her green eyes seared with passion, as of old: “See him, the hoary pervert, foundering! His lips disgorge the whole world’s frozen slush. Chain this volcano-god’s maimed foot, and crush The one squint eyeball of this winter-king! “The eagle soars! The spirit beckons me! I wear again the robe of Cybelê For the child, loved by Hermes and Osiris!” On gilded conch the goddess took her flight; The sea played back the idol to our sight; The welkin shimmered with the scarf of Iris.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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Stagecoach Relay

Le Relais

Gérard de Nerval (1808-55)

Le Relais
En voyage, on s’arrête, on descend de voiture; Puis entre deux maisons on passe à l’aventure, Des chevaux, de la route et des fouets étourdi, L’œil fatigué de voir et le corps engourdi. Et voici tout à coup, silencieuse et verte, Une vallée humide et de lilas couverte, Un ruisseau qui murmure entre les peupliers, - Et la route et le bruit sont bien vite oubliés! On se couche dans l’herbe et l’on s’écoute vivre, De l’odeur du foin vert à loisir on s’enivre. Et sans penser à rien on regarde les cieux. Hélas! une voix crie: « En voiture, messieurs! »
Stagecoach Relay
Break in the journey. Step to ground. Gap between houses: let’s look round! By horses, whip-cracks, roads oppressed: Limbs deadened, eyes in need of rest. Suddenly, peace; green calm, as well: A lilac-glade, a dewy dell, A brook with poplars overhead: No road, no racket: this instead. Sprawled in the grass! Our senses thrive, As draughts of new-mown hay revive. We gaze, unburdened, at the skies... “Sirs, to the coach!” some fellow cries.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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