Memories

SOUVENIRS - Résistant, St-Sozy, Lot, France

Jacques Para (1923-2012)

SOUVENIRS - Résistant, St-Sozy, Lot, France
Twenty years old: Resistance men! We joined the fight, we swarmed to war. A catchy song inspired us then: ‘The Flower in the Rifle-Bore’. Make history! we had that aim. Give Nazi crimes their recompense! At twenty years, no thought of fame: of Life, a total ignorance. We lived in woodland hideaways and all our talk was Liberty. We laughed and sang through happy days, concealed our illegality. Some of our friends, untimely quit of war, Posterity, and history, waylaid. Young, they had hardly lived: they longed for more, loved life so much, they gladly would have stayed. Our storm is past, our stage is pacified, our lives are long, our memories retold: our theme, the fallen, all their youth, their pride. They cannot age, who died, not being old. Listen, old friend! The time will surely come for us to meet again the friends who fell, resisting. Are there lessons from their tomb? What will they ask us? What have we to tell? Chaumeil will ask: “Well, are you now at peace? Have all the Nazi crimes been well repaid? Has the world learnt? Have the atrocities led to a greater Union being made? Have subject peoples burst their chains? What joy for Jews? Do black folk work for nothing still?” “Suppose the Chinese like us!” Harry-boy will smile. “You’ll have a planet of goodwill!” Slightly embarrassed, we’ll avert our gaze. “The prison and the stake are not good form,” we’ll say. “Nazis are human nowadays, Germans are friends: tomorrow we’ll re-arm, and our two countries, joined in brotherhood, will gird for war against... just who, dear Lord? Can’t say! ...No matter!” Then we’ll raise our head and see our friends, retreating heavenward, speak in low tones and turn their eyes away, leaving our world, by Hope too briefly called. Judging us cowards, traitors, they will say: “See how they all have changed, for they are old. They all forgot our heavy sacrifice, scythed down in youth by Nazi hordes from hell: they failed to build a solid edifice in honour of our villagers who fell. Their souls have buckled like an ageing limb: these men of sorrows have no motherland. We haven’t changed: we’ve kept alive the flame: all’s lost to them... and each was once our friend!” We won’t reply: these tones familiar shall penetrate our heart’s most secret place. With them to help us, yes, we won the war; living without them, we have lost the peace. Old friend, we surely shall be moved to weep, seeing those youngsters flitting to their grave. Shamed and surrendered, weaponless we’ll sleep; above their heads alone, the flag shall wave.
Memories
A vingt ans lorsqu’ en ribambelle Nous avons rejoint le maquis, Nous pensions à la ritournelle Qui chante une fleur au fusil. Nous voulions écrire l’histoire Et punir les crimes nazis A vingt ans, sans chercher la gloire On ignore tout de la vie. Nous parlions tous de libertés Et nous vivions au fond des bois Tous, nous aimions rire et chanter Et sans bruit nous bravions les lois Certains de nos amis finirent la leur guerre Et, rentrant dans l’histoire et la postérité, Jeunes, ayant peu vécus, tous ceux là qui naguère Aimaient si fort la vie et voulaient y rester Pour nous, après l’orage, tout est rentré dans l’ordre Et nous avions veillis, narrant nos souvenirs Parlant des disparus, leur jeunesse et leur morgue Puisqu’ on est toujours jeune, en partant sans vieillir. Vois tu, mon vieil ami, quand viendra le moment D’aller rejoindre ceux, tombés en résistant, As-tu pensé un peu à toutes leurs questions? Et si leur mort, pour nous, a laissé la leçon? Alors dira Chaumeil, elle est fini la guerre? Avez-vous bien vengé tous les crimes nazis? Le monde a-t-il compris et les tortes de naguère Ont-ils scellé l’Union, diront Tino, Henri? Les peuples opprimés ont-ils brisés leurs chaînes? Les juifs sont-ils heureux? Les noirs ont-ils fini De travailler gratis? Si les chinois nous aiment Vous avez dû créer la planète aux amis! Un peu embarrassés, nous baisserons la tête Nous dirons: c’est changé, les nazi sont humains La prison, le poteau, ce serait bien trop bête L’allemand est l’ami: on fait un char demain Ainsi nos deux pays, unis comme deux frères Seront prêts à lutter … mais contre qui bon dieu? On ne sait pas, ça fait rien … et en levant la tête Nous verrons nos amis se tourner vers les cieux Ils parleront tout bas, regagnant la retraite D’où l’espoir, un moment, les avait ramenés Et sans nous regarder, nous jugeant lâche et traitre Diront: ce sont des vieux, vois comme ils ont changé. Ils ont tous oublié notre lourd sacrifice Nos jeunesses fauchées par les hordes nazis Ils n’ont pas su construire un solide édifice En mémoire aux martyrs tombés à St-Sozy Leur corps qui a vieilli a modifié leur âme Ils ont tous les douleurs et n’ont plus de patrie. Nous autres on est pareil; on a gardé la flamme Mais eux ont tout perdu … et c’était nos amis! Nous ne répondrons pas car ces voix familières Atteindront dans nos coeurs l’endroit le plus secret Bien sûr, nous avec eux, avons gagné la guerre Mais nous, vivants sans eux, avons perdu la paix. Alors mon vieil ami, émus, au bord des larmes Nous verrons ces jeunots regagner leur tombeau. Honteux, vexés, meurtris comme un soldat sans arme Nous dormirons tout nu, leur laissant le drapeau.
© Mme Françoise Para Zuttion Published in Acumen © Timothy Adès 2012

Translation: Copyright © Timothy Adès

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no-one’s going anywhere

personne ne va nulle part

Gisèle Prassinos (1920-2015)

personne ne va nulle part
Il y a quelqu’un de perdu Le monde est si serré les arbres et les maisons grandissent pour respirer dans le bleu c’est l’alerte les rues se meurent      assourdies      étranglées On pousse      on croit se diriger dans les chairs      les bruits      les rencontres mais personne ne va nulle part. Le centre broyé s’obstine encore à vivre. Celui qui est perdu et qui le sait laisse pendre ses bras il va dormir ses yeux fermés chevauchent un oiseau qui n’est plus dans le ciel.
no-one’s going anywhere
Someone is lost. The world is so crowded trees and houses grow taller to breathe high alert in the blue streets dying      stifled      throttled. Pushing ahead      on track we suppose through all the flesh      noises      impacts no-one’s going anywhere the mangled core stubbornly alive. Someone is lost and knows it arms hanging slack off to sleep eyes closed riding a bird no longer aloft.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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To be a Duck's a Knack, plus Luck

C'EST TOUT UN ART D'ETRE UN CANARD

Claude Roy (1915-97)

C'EST TOUT UN ART D'ETRE UN CANARD
C'est tout un art D'être un canard Canard marchant Canard nageant Canards au vol vont dandinant Canards sur l'eau vont naviguant Etre canard C'est absorbant Terre ou étang C'est différent Canards au sol s'en vont en rang Canards sur l'eau s'en vont ramant Etre canard Ca prend du temps C'est tout un art C'est amusant Canards au sol cancanants Canards sur l'eau sont étonnants Il faut savoir Marcher, nager Courir, plonger Dans l'abreuvoir. Canards le jour sont claironnants Canards le soir vont clopinant Canards aux champs Ou sur l'étang C'est tout un art D'être canard.
To be a Duck's a Knack, plus Luck
To be a Duck's a Knack, plus Luck a strolling duck a swimming duck a soaring duck's a flip-flap duck a floating duck’s a shipshape duck To be a drake on land or lake it’s charms and spells, it’s something else On dry land ducks parade, a row on duckponds, ducks proceed to row To be a drake can only take time, it’s an art that cheers the heart A dry-land duck’s a quackle-box a duckpond duck’s miraculous A drake can take a walk run swim in drinking-tank the dunk of him The ducks of dawn go trumpeting the ducks of dusk go tottering To be a drake on lea or lake to be a duck's a knack plus luck.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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Tomorrow

Demain

Jean Cayrol (1911-2005)

Demain
Vous trouverez les pas encore humides dans l’allée vous trouverez le vin séché dans les bouteilles vous trouverez la nuit si jeune aux joues vermeilles vous trouverez le nom que j’avais oublié Vous trouverez la ville toute pâle dans l’ombre le chien aveugle le feu dérobé à nouveau vous trouverez la terre habituée à ses cendres l’ange ébloui du crime assis sur un tombeau Vous trouverez la voix toute rongée par l’amour les morts qui vont venir dans la saison secrète et notre liberté qui détourne la tête et l’aube déchirée par les larmes qui court Vous trouverez l’épée la colère et le jour.
Tomorrow
You’ll find the footmarks tacky in the rents You’ll find the bottles where the wine ran dry The night with cheeks rouged out of innocence You’ll find the name that slipped my memory The sightless watchdog and the stolen fire You’ll find the city leaden in the gloom Earth used to ashes and the angel choir Stunned by the crime and sitting on a tomb You’ll find the voice that love has gnawed away The furtive assignations of the dead You’ll find our freedom hanging down its head And dawn in flight ripped open by dismay You’ll find the sword the anger and the day.
Published in Outposts, 1990

Translation: Copyright © Timothy Adès

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Poem for a Doll bought in a Russian Bazaar

Poème pour une poupée achetée dans un bazar russe

MARGUERITE YOURCENAR (1903-87)

Poème pour une poupée achetée dans un bazar russe
Moi je suis bleu des rois et noir de suie Je suis le grand Maure (rival de Pétrouchka). La nuit me sert de troïka; J’ai le soleil pour ballon d’or. Presqu’aussi vaste que les ténèbres, Mais tout aussi fragile qu’un vivant, Le moindre souffle émeut mon corps sans vertèbres. Je suis très résigné, car je suis très savant: Ne raillez pas mon teint noir, ni mes lèvres béantes, Je suis, comme vous, un pantin entre des mains géantes.
Poem for a Doll bought in a Russian Bazaar
I’m true royal blue black as grime. I’m the mighty Maroon (I challenge Petrushka). I’ve night for my troika, the sun for my golden balloon. If darkness is big, I’m almost bigger, but have any living being’s weakness: the lightest puff disturbs my boneless figure. I’m primed with knowledge, hence my meekness: Don’t laugh at my sooty-faced grin: you might forget: I’m held in a giant’s hands, like you, just a marionette.
Copyright: Editions Gallimard

Translation: Copyright © Timothy Adès

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La Belle Que Voilà / That Lovely Woman

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French

La Belle Que Voilà / That Lovely Woman

Robert Desnos (1900-45)

quand l’âge aura flétri ces yeux et cette bouche quand trop de souvenirs alourdiront ce cœur quand il ne restera pour bercer dans sa couche ce corps aujourd’hui beau que des spectres moqueurs quand la poussière infecte en recouvrant les choses vêtira d’un linceul les désirs abolis quand l’amour plus fané qu’en un livre une rose ne sera plus qu’un nom sous des portraits pâlis quand il sera trop tard pour n’être plus cruelle quand l’écho des baisers et l’écho des serments Décroîtront comme un pas la nuit dans une ruelle ou le sifflet d’un train vers le noir firmament quand sur les seins pendants le ventre qui se ride Les mains aux doigts séchés durcies par les passions Et lasses d’essuyer trop de larmes acides Referont le bilan de leur dégradation quad nul fard ne pourra mentir à ce visage S’il se penche au miroir jadis trop complaisant Pour se désaltérer comme au lac d’un mirage Aux rêves du passé revécus au présent La belle que voilà restera belle encore Par la vertu d’un feu reflété constamment aux vitres d’un château dont les salles sonores seront hantées par ceux qui furent ses amants La belle que voilà ainsi qu’une fontaine Dont le flot toujours pur sur les marbres disjoints S’écoule en entraînant d’ineffables sirènes Pour perdre sa splendeur ne renoncera point Rien ne disparaîtra des ciels qui se reflètent Malgré la peau fripée et malgré les reins plats Restera jalousée et présente à la fête Jeune éternellement la belle que voilà Tant de cœurs ont battu jadis à son attente qu’une flamme est enclose en ce corps sans raison qu’indigne de ces feux elle reste éclatante Ainsi qu’à l’incendie survivent les tisons. From Destinée Arbitraire copyright © Éditions Gallimard 1963
La Belle Que Voilà / That Lovely Woman
When age shall make those lips and eyes grow pale When the heart’s burdened down by memories And when to lull those limbs now beautiful None shall be left but ghosts that jeer and tease, When filthy dust that covers all shall clothe And fold in shrouds desire’s abolished flame When love as wilted as a dry–pressed rose Shall hook on faded photographs its name When it will be too late to make us kind When echoes of each kiss and vow shall die Like footsteps dwindling in a darkened wynd Or a train whistling to the midnight sky When hands that passion rendered dry and hard By wrinkled abdomen and dangling teat Weary of wiping all those acid tears Shall check their degradation’s balance–sheet When no cosmetic can deceive this face That leans towards a long–complaisant glass As if to drink from a cool mirage–lake Dreams that the present borrows from the past That lovely woman shall be lovely still By virtue of a fire that plays and plays On windows of great echoing rooms, that will Be haunted by her loves of bygone days That lovely woman like a fountainhead Streaming on slabs of marble always pure By all her siren–train accompanied Shall not renounce her glory evermore Nor shall she vanish from reflected skies Though loins are flattened skin is loosely hung She shall go feasting, watched by envious eyes That woman lovely and for ever young So many hearts once in attendance beat That in her limbs an unreal flame is sheathed. Rising above its fires she dazzles yet, A poker in a burnt–out house, unscathed.
Published in Acumen Literary Journal

Translation: Copyright © Timothy Adès

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Fiesta

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Fiesta

Jacques Prévert (1900-77)

Et les verres étaient vides Et la bouteille brisée Et le lit était grand ouvert Et la porte fermée Et toutes les étoiles de verre Du bonheur et de la beauté Resplendissaient dans la poussière De la chambre mal balayée Et j’étais ivre mort Et j’étais feu de joie Et toi ivre vivante Toute nue dans mes bras.
Fiesta
The glasses were empty The bottle was shattered The bed was wide open The door was tight shuttered Each shard was a star Of bliss and of beauty That flashed on the floor All dusty and dirty And I was dead drunk Lit up wildly ablaze You were drunk and alive In a naked embrace!

Translation: Copyright © Timothy Adès

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The Message

Le message

Jacques Prévert (1900-77)

Le message
La porte que quelqu'un a ouverte La porte que quelqu'un a refermée La chaise où quelqu'un s'est assis Le chat que quelqu'un a caressé Le fruit que quelqu'un a mordu La lettre que quelqu'un a lue La chaise que quelqu'un a renversée La porte que quelqu'un a ouverte La route où quelqu'un court encore Le bois que quelqu'un traverse La rivière où quelqu'un se jette L'hôpital où quelqu'un est mort.
The Message
The door someone opened The door someone shut it The chair someone sat in The cat someone petted The fruit someone bit it The note someone read it The chair someone shoved it The door someone opened The road someone’s on it The wood someone’s in it The weir someone's dashed in The ward someone's died in.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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The Countryside

Le Paysage

Robert Desnos (1900-45)

Le Paysage
J’avais rêvé d’aimer. J’aime encor mais l’amour Ce n’est plus ce bouquet de lilas et de roses Chargeant de leurs parfums la forêt où repose Une flamme à l’issue de sentiers sans détour. J’avais rêvé d’aimer. J’aime encor mais l’amour Ce n’est plus cet orage où l’éclair superpose Ses bûchers aux châteaux, déroute, décompose, Illumine en fuyant l’adieu du carrefour. C’est le silex en feu sous mon pas dans la nuit, Le mot qu’aucun lexique au monde n’a traduit L’écume sur la mer, dans le ciel ce nuage. A vieillir tout devient rigide et lumineux, Des boulevards sans noms et des cordes sans nœuds. Je me sens me roidir avec le paysage.
The Countryside
I dreamed of loving. Still I love, but now Love is no more that rose and lilac spray Whose perfume filled the woods where each pathway Led on directly to the blazing glow I dreamed of loving. Still I love, but now Love’s not that storm whose lightning kindled high Towers, unhorsed, unhinged, and fleetingly Would set the parting of the ways aglow. Love is the flint my footstep sparks at night, The word no lexicon can render right, Foam of the sea, the cloud across the sky. Old age makes all things fixed and luminous: Knots are unravelled, streets anonymous; Set in our ways, the countryside and I.
My first Desnos poem: found in an anthology, 20 years ago. From Contrée [Against the Grain]. 2nd in BCLA/BCLT Prize, 2002. Published in 'Comparative Criticism' vol. 25, 2004 and in 'Robert Desnos, Surrealist, Lover, Resistant': Arc, 2017. Enfield Poem of the Month, February 2018, on a poster.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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I’ve Dreamed of You So Much

J’ai Tant Rêvé de Toi

Robert Desnos (1900-45)

J’ai Tant Rêvé de Toi
J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité. Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant et de     baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui     m’est chère? J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ­    ton ombre à se croiser sur ma poitrine ne se plie­raient     pas au contour de ton corps, peut-être. Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante     et me gouverne depuis des jours et des années, je     devien­drais une ombre sans doute. O balances sentimentales. J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps sans doute     que je m’éveille. Je dors debout, le corps exposé à     toutes les apparences de la vie et de l’amour et toi,     la seule qui compte aujourd’hui pour moi, je pourrais     moins toucher ton front et tes lèvres que les premières     lèvres et le premier front venu. J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec     ton fantôme qu’il ne me reste plus peut-être, et     pour­tant, qu’à être fantôme parmi les fantômes et     plus ombre cent fois que l’ombre qui se promène     et se promènera allégrement sur le cadran solaire     de ta vie.
I’ve Dreamed of You So Much
I’ve dreamed of you so much that you lose your reality. Is there still time to reach that living body and to kiss on     those lips the birth of the voice I love? I’ve dreamed of you so much that my arms, which always     find my own breast even as they clutch at your shadow,     may never close on the contours of your body. So much that, confronted by one who has haunted and     controlled me for days and for years, I would certainly     become a shadow myself. O the seesaw of emotions. I’ve dreamed of you so much that it’s probably too late to     wake up. I’m asleep on my feet, my body exposed to     all the sensations of life and love, and you, the only     woman these days who counts for me, I couldn’t     touch your mouth or your brow as well as I could the     next one that comes along.     I’ve dreamed of you so much, walked, talked, slept with     your phantom so much that all that’s left to me, perhaps,     is to be a phantom among phantoms and a hundred     times more shadowy than that shadow walking in joy,     now and in time to come, across the sun-dial of your life.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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