My little cat
J’ai un petit chat
Maurice Carême (1899-1978)
J’ai un petit chat
J’ai un petit chat
Petit comme ça.
Je l’appelle Orange,
Je ne sais pourquoi.
Jamaus il ne mange
Ni souris ni rat
C’est un chat étrange
Aimant le nougat
Et le chocolat.
Mais c’est pour cela
Dit Tante Solange
Qu’il ne grandit pas.
My little cat
My little cat
Is little as *that*.
He’s called Orange Pie,
It rhymes, that’s why.
He never will try
A mouse or a rat,
An odd sort of cat
Who likes nougat
And… chocolate.
Ah yes! But that,
Says my Auntie Vi,
Is why he’s fat,
And isn't high.
Translation: Copyright © Timothy Adès
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The Fog
Le brouillard
Maurice Carême (1899-1978)
Le brouillard
Le brouillard a tout mis
Dans son sac de coton
Le brouillard a tout pris
Autour de ma maison
Plus de fleur au jardin,
Plus d’arbre dans l’allée ;
La serre du voisin
Semble s’être envolée.
Et je ne sais vraiment
Où peut s’être posé
Le moineau que j’entends
Si tristement crier
The Fog
The fog’s put it all
In its satchel of cotton
The large and the small
Round my house it has taken
In the garden no flower
In the alley no tree
The greenhouse next door
Took wing, can that be
And don’t ask me where
To find the cock sparrow
He’s gone and I hear
His cry, full of sorrow
Translation: Copyright © Timothy Adès
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Homonyms
Homonymes
Maurice Carême (1899-1978)
Homonymes
Il y a le vert du cerfeuil
Et il y a le ver de terre.
Il y a l’endroit et l’envers,
L’amoureux qui écrit en vers,
Le verre d’eau plein de lumière,
La fine pantoufle de vair
Et il y a moi, tête en l’air,
Qui dis toujours tout de travers.
Homonyms
Green chervil is vert,
An earthworm is ver.
Obverse and reverse,
A lover writes verse.
Wet shiny glass, verre
Fur slippers of vair
And me, head-in-air,
The prattler perverse.
Translation: Copyright © Timothy Adès
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In the pink dawn, it snowed
Il a neigé dans l’aube rose
Maurice Carême (1899-1978)
Il a neigé dans l’aube rose
Il a neigé dans l’aube rose,
Si doucement neigé
Que le chaton noir croit rêver.
C’est à peine s’il ose
Marcher.
Il a neigé dans l’aube rose,
Si doucement neigé
Que les choses
Semblent avoir changé.
Et le chaton noir n’ose
S’aventurer dans le verger,
Se sentant soudain étranger
À cette blancheur où se posent
Comme pour le narguer,
Des moineaux effrontés.
In the pink dawn, it snowed
In the pink dawn, it snowed,
so gently, it snowed.
Black cat thinks he’s dreaming,
to walk would be danger.
In the pink dawn, it snowed,
so gently, it snowed.
Looks like a game-changer!
Black cat will not enter
the orchard, won’t venture,
feels, hey! I’m a stranger
in this white winter.
The pert sparrows cheek him.
Translation: Copyright © Timothy Adès
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You are lovely, dear mother
Tu es belle, ma mère
Maurice Carême (1899-1978)
Tu es belle, ma mère
Tu es belle, ma mère,
Comme un pain de froment.
Et, dans tes yeux d'enfant,
Le monde tient à l'aise.
Ta chanson est pareille
Au bouleau argenté
Que le matin couronne
D'un murmure d'abeilles.
Tu sens bon la lavande,
La cannelle et le lait ;
Ton cœur candide et frais
Parfume la maison.
Et l'automne est si doux
Autour de tes cheveux
Que les derniers coucous
Viennent te dire adieu.
You are lovely, dear mother
You are lovely, dear mother,
As good wheaten bread;
In your two childish eyes
The world’s comforted.
Your melody breathes
Like silver birch trees
That morning-time wreathes
With murmur of bees.
Your scent is blue lavender,
Milk, cinnamomum,
Your heart pure and tender
Suffuses our home, Mum.
So sweet round your head
The autumn loves you:
The last of the cuckoos
Tells you fondly ‘Adieu.’
Translation: Copyright © Timothy Adès
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The Ladybird
La Coccinelle
Maurice Carême (1899-1978)
La Coccinelle
Je ris dans les bluets,
Je mange dans les lis,
Je lis dans les oeillets,
Je bois dans les narcisses.
Et, couchée dans les citronnelles,
Je rêve si longtemps de bleu,
Moi, la petite coccinelle,
Que je deviens bête à bon Dieu.
The Ladybird
I laugh among the cornflowers,
I dine among the lilies,
I read among the gillyflowers,
Drink in the daffodillies.
I slumber in verbena,
In the blue my dreams have soared:
That’s why in French they call me
The beetle of the Lord.
Translation: Copyright © Timothy Adès
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Three Snails
Trois escargots
Maurice Carême (1899-1978)
Trois escargots
J’ai rencontré trois escargots
Qui s’en allaient cartable au dos
Et, dans le pré, trois limaçons
Qui disaient par cœur leur leçon.
Puis, dans un champ, quatre lézards
Qui écrivaient un long devoir.
Où peut se trouver leur école ?
Au milieu des avoines folles ?
Peut-être est-ce une aristoloche
Qui leur sert de petite cloche
Et leur maître est-il ce corbeau
Que je vois dessiner là-haut
De belles lettres au tableau ?
Three Snails
Three snails with satchels came in view,
I saw their laden backs depart;
and in the meadow, three slugs who
spouted their lesson, learnt by heart;
and then, four lizards in a field:
long was the exercise they wrote.
Where can their schoolhouse be concealed?
Amid the scrub of the wild oat?
Perhaps they have a calico
flower to be their little bell,
and could their master be the crow
that I can see from far below,
who at his blackboard writes so well?
Translation: Copyright © Timothy Adès
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Springtime will return
Le printemps reviendra
Maurice Carême (1899-1978)
Le printemps reviendra
Hé oui, je sais bien qu'il fait froid,
Que le ciel est tout de travers ;
Je sais que ni la primevère
Ni l'agneau ne sont encore là.
La terre tourne ; il reviendra,
Le printemps, sur son cheval vert.
Que ferait le bois sans pivert,
Le petit jardin sans lilas ?
Oui, tout passe, même l'hiver,
Je le sais par mon petit doigt
Que je garde toujours en l'air …
Springtime will return
Yes, I know we have cold weather,
And the sky is not playing fair;
And I know that at present, neither
The lamb nor the primrose is there.
The world will turn, and the springtime
Will return, astride its green mare.
No woodpecker, what’ll the wood do?
The garden, with no syringa?
All things must pass, even winter:
I know, by my little pink finger
That’s always up in the air…
Translation: Copyright © Timothy Adès
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Sonnet 5
Jean Cassou (1897-1986)
Les poètes, un jour, reviendront sur la terre.
Ils reverront le lac et la grotte enchantée,
les jeux d’enfants dans les bocages de Cythère,
le vallon des aveux, la maison des péchés,
et toutes les amies perdues dans la pensée,
les sœurs plaintives et les femmes étrangères,
le bonheur féerique et la douce fierté
qui posait des baisers à leur front solitaire.
Et ils reconnaîtront, sous des masques de folles,
à travers Carnaval, dansant la farandole,
leurs plus beaux vers enfin délivrés du sanglot
qui les fit naître. Alors, satisfaits, dans le soir,
ils s’en retourneront en bénissant la gloire,
l’amour perpétuel, le vent, le sang, les flots.
From 33 Sonnets Composés au Secret
copyright © Éditions Gallimard 1995
Sonnet 5
The poets shall return to earth one day:
the lake and magic cave again they’ll see,
Cythera’s tanglewoods where children play,
the house of sins, the vale of constancy,
and, lost in meditation, every she,
sisters of sighs, fair friends from far away,
unearthly joy and sweet nobility
that kissed their forehead’s loneliness away.
They’ll recognise in masks maniacal,
dancing the farandole in carnival,
their finest verse, freed from the agony
that gave it birth: and then, in happiness,
as evening falls they shall depart, and bless
long love and glory, wind, and blood, and sea.
Translation: Copyright © Timothy Adès
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"C"
Les Ponts de Cé
Louis Aragon (1897-1982)
Les Ponts de Cé
J’ai traversé les ponts de Cé
C’est là que tout a commencé
Une chanson des temps passés
Parle d’un chevalier blessé
D’une rose sur la chaussée
Et d’un corsage délacé
Du château d’un duc insensé
Et des cygnes dans les fossés
De la prairie où vient danser
Une éternelle fiancée
Et j’ai bu comme un lait glacé
Le long lai des gloires faussées
La Loire emporte mes pensées
Avec les voitures versés
Et les armes désamorcées
Et les larmes mal effacées
Ô ma France ô ma délaissée
J’ai traversé les ponts de Cé
"C"
I’ve crossed the Loire at Cé (that’s "C"),
the start of this whole tendency.
A song of ancient minstrelsy,
a knight, a nasty wound has he,
a rose on roads of vagrancy,
and breasts bereft of decency:
castle of some duke’s lunacy,
swans on the ditches’ buoyancy,
meadow of dancing ecstasy,
a bride’s eternal constancy.
I drank chilled milk, fake fantasy:
false glories, long lay’s poesy.
The Loire sweeps all my thoughts to sea,
trucks belly-up, sad sight to see,
and weapons lacking potency,
a smear of tears: despondency.
Dear France, forlorn expectancy!
I’ve crossed the bridge at Cé, or C.
Translation: Copyright © Timothy Adès
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