Setting Suns

Soleils couchants

Paul Verlaine (1844-96)

Soleils couchants
Une aube affaiblie Verse par les champs La mélancolie Des soleils couchants. La mélancolie Berce de doux chants Mon cœur qui s’oublie Aux soleils couchants. Et d’étranges rêves, Comme des soleils Couchants sur les grèves, Fantômes vermeils, Défilent sans trêves, Défilent, pareils À des grands soleils Couchants sur les grèves.
Setting Suns
So weak the morn, the meadow runs with flood forlorn of setting suns. The mood forlorn assuaging croons: my heart unlearns in setting suns. Dreams strange as suns that set on strands, weird trace of trance, vermilion, relentless, run relentless on, like giant suns that set on strands.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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Shepherd's Hour

L'heure du berger

Paul Verlaine (1844-96)

L'heure du berger
La lune est rouge au brumeux horizon ; Dans un brouillard qui danse, la prairie S'endort fumeuse, et la grenouille crie Par les joncs verts où circule un frisson ; Les fleurs des eaux referment leurs corolles ; Des peupliers profilent aux lointains, Droits et serrés, leurs spectres incertains ; Vers les buissons errent les lucioles ; Les chats-huants s'éveillent, et sans bruit Rament l'air noir avec leurs ailes lourdes, Et le zénith s'emplit de lueurs sourdes. Blanche, Vénus émerge, et c'est la Nuit.
Shepherd's Hour
Red moon in misty distance: fog Stirs, and the meadow falls asleep, Exhaling; in green reeds, the frog Calls out, and gentle ripples creep; On ponds and lakes the petals close; The poplars show their ghostly blur, Far off, arranged in martial rows; Around the bush the fireflies err; The wood-owls wake, and, noiseless, ply Black air: their wings beat solidly. Dull glimmers fill the zenith. White Venus emerges; it is night.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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ANTONY AND CLEOPATRA

Antoine et Cléopâtre

José-Maria de Hérédia (1842-1905)

Antoine et Cléopâtre
Tous deux ils regardaient, de la haute terrasse, L'Égypte s'endormir sous un ciel étouffant Et le Fleuve, à travers le Delta noir qu'il fend, Vers Bubaste ou Saïs rouler son onde grasse. Et le Romain sentait sous la lourde cuirasse, Soldat captif berçant le sommeil d'un enfant, Ployer et défaillir sur son coeur triomphant Le corps voluptueux que son étreinte embrasse. Tournant sa tête pâle entre ses cheveux bruns Vers celui qu'enivraient d'invincibles parfums, Elle tendit sa bouche et ses prunelles claires ; Et sur elle courbé, l'ardent Imperator Vit dans ses larges yeux étoilés de points d'or Toute une mer immense où fuyaient des galères.
ANTONY AND CLEOPATRA
Together from the terrace they could see Egypt bed down beneath a sultry sky; through the black delta, fatly, massively, to Saïs or Bubastis, Nile rolled by. A captured soldier, like a sleeping child the Roman held that lovely form, and felt, through his thick breastplate, the enchantress melt on his triumphant heart, and, pliant, yield. Turning her pale head that the brown hair framed, she offered lips and bright eyes to the one unconquerable fragrances enflamed: hunched over her, the ardent prince discerned, in those great eyes where golden star-points burned, a whole wide sea, and warships on the run.
Published on Poetry Atlas website

Translation: Copyright © Timothy Adès

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The Coral Reef

Le récif de corail

José-Maria de Hérédia (1842-1905)

Le récif de corail
Le soleil sous la mer, mystérieuse aurore, Éclaire la forêt des coraux abyssins Qui mêle, aux profondeurs de ses tièdes bassins, La bête épanouie et la vivante flore. Et tout ce que le sel ou l'iode colore, Mousse, algue chevelue, anémones, oursins, Couvre de pourpre sombre, en somptueux dessins, Le fond vermiculé du pâle madrépore. De sa splendide écaille éteignant les émaux, Un grand poisson navigue à travers les rameaux ; Dans l'ombre transparente indolemment il rôde ; Et, brusquement, d'un coup de sa nageoire en feu Il fait, par le cristal morne, immobile et bleu, Courir un frisson d'or, de nacre et d'émeraude.
The Coral Reef
Sun under sea, the mysterious aurora, lights up abysses and forests of corals mingling in depths of their warm-water basins creatures resplendent, ebullient flora. All that the salt or the iodine colours, moss, hairy seaweed, anemones, urchins, covers, in sumptuous designs of deep purple, beds of the madrepore’s worm-patterned pallor. Quenching his scales that are fiery enamels comes a big fish moving clean through the branches, lazily browses in shady transparence: suddenly whisking his fin pyrotechnic, makes the blue motionless lack-lustre crystal thrill to the pearl-gleam, the gold, the smaragdine.
https://www.youtube.com/watch?v=_F08Lg7_wlE

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Sailor's Wind

Brise Marine

Stéphane Mallarmé (1842-98)

Translated without using letter E: a lipogram
Brise Marine
La chair est triste, hélas! et j’ai lu tous les livres, Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres D’être parmi l’écume inconnue et les cieux! Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe O nuits! ni la clarté déserte de ma lampe Sur le vide papier que la blancheur défend Et ni la jeune femme allaitant son’enfant. Je partirai! Steamer balançant ta mâture, Lève l’ancre pour une exotique nature! Un Ennui, désolé par les cruels espoirs, Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs! Et, peut-être, les mâts, invitant les orages Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufrages Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles ilôts … Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots!
Sailor's Wind
Limbs flag and fail; j’ai lu all books of words. To fly away! I think of soaring birds In sky unknown, and spray, mad-drunk with flight. No arbours, mirror’d back from orbs of sight, Can stay my soul from plunging totally, O nights! nor lamplight’s arid clarity On my blank writing-pad’s forbidding wall; Nor a young woman with a sucking doll. I go! You throbbing ship with masts that sway, Up anchor, and to magick lands away! Vain longings haunt us; harsh monotony Still trusts in waving chiffon’s last goodby; And masts that summon storms may soon bow down To roaring winds, by ruin’d hulks that drown, Lost, with no masts, nor islands blossoming … But hark, my soul! What songs our sailors sing!

Translation: Copyright © Timothy Adès

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Épiphanie

Epiphany

José-Maria de Hérédia (1842-1905)

Epiphany
Donc, Balthazar, Melchior et Gaspar, les Rois Mages, Chargés de nefs d’argent, de vermeil et d’émaux Et suivis d’un très long cortège de chameaux, S’avancent, tels qu’ils sont dans les vieilles images. De l’Orient, lointain, ils portent leurs hommages Aux pieds du fils de Dieu, nés pour guérir les maux Que souffrent ici-bas l’homme et les animaux ; Un page noir soutient leurs robes à ramages. Sur le seuil de l’étable où veille saint Joseph, Ils ôtent humblement la couronne du chef Pour saluer l’Enfant qui rit et les admire. C’est ainsi qu’autrefois, sous Auguste César, Sont venus, présentant l’or, l’encens et la myrrhe, Les Rois Mages Gaspar, Melchior et Balthazar.
Épiphanie
Balthazar, Melchior, Gaspar, the Three Kings, Loaded with silver, scarlets and enamels, And followed by a long parade of camels, Draw near, as in great art’s imaginings. From eastern lands afar the trio brings Homage to God’s Son, born to heal all ills Endured on earth by men and animals… Intricate robes! held high by underlings. St Joseph keeps his vigil at the byre: They humbly doff their crowns, their heads are bare, They greet the laughing and admiring Child. So, when in times long past Augustus ruled, There came with myrrh and frankincense and gold Three Kings called Gaspar, Melchior, Balthazar.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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The Slave

L’ESCLAVE

José-Maria de Hérédia (1842-1905)

L’ESCLAVE
Tel, nu, sordide, affreux, nourri des plus vils mets, Esclave, - vois, mon corps en a gardé les signes, - Je suis né libre au fond du golfe aux belles lignes Où l'Hybla plein de miel mire ses bleus sommets. J'ai quitté l'île heureuse, hélas! ... Ah! si jamais Vers Syracuse et les abeilles et les vignes Tu retournes, suivant le vol vernal des cygnes, Cher hôte, informe-toi de celle que j'aimais. Reverrai-je ses yeux de sombre violette, Si purs, sourire au ciel natal qui s'y reflète Sous l'arc victorieux que tend un sourcil noir? Sois pitoyable! Pars, va, cherche Cléariste Et dis-lui que je vis encor pour la revoir. Tu la reconnaîtras, car elle est toujours triste.
The Slave
I, naked, squalid, loathsome, vilely fed, A slave - see how this flesh still bears the signs - Was free-born on that bay of noble lines Where honeyed Hybla preens her purple head. I left the happy isle! If ever, sir, Chasing the swans on their spring odysseys, You come to Syracuse, her vines and bees, Pray you, take note of her who was my dear. O shall I see those pure and violet eyes Reflect, and smile upon, their native skies, ’Neath the black eyebrows’ arch of victory? For pity’s sake, go tell Clearetê I live to see her. You will recognize My darling by her endless misery.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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The Stranger

L’Étranger

René François Armand Sully-Prudhomme (1839-1907)

L’Étranger
Je me dis bien souvent : de quelle race es-tu ? Ton coeur ne trouve rien qui l'enchaîne ou ravisse, Ta pensée et tes sens, rien qui les assouvisse : Il semble qu'un bonheur infini te soit dû. Pourtant, quel paradis as-tu jamais perdu ? A quelle auguste cause as-tu rendu service ? Pour ne voir ici-bas que laideur et que vice, Quelle est ta beauté propre et ta propre vertu ? A mes vagues regrets d'un ciel que j'imagine, A mes dégoûts divins, il faut une origine : Vainement je la cherche en mon coeur de limon ; Et, moi-même étonné des douleurs que j'exprime, J'écoute en moi pleurer un étranger sublime Qui m'a toujours caché sa patrie et son nom.
The Stranger
I often ask myself: What breed are you? Your heart remains unravished, unenslaved; There’s nothing that your thoughts and senses craved; Eternal happiness must be your due. And yet, what paradise did you forego? What worthy cause have you done service to? Confined to vice and squalor here below, What’s your own beauty and your own virtue? My longing for some heaven, my divine Uneasiness, must have some origin; I seek it vainly in my turbid heart. Amazed at my pathetic litany, I hear a noble stranger weep in me, Who won’t his country, or his name, impart.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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The Secret

Le Secret

Armand Silvestre (1837-1901)

An ‘X’ (a graduate of the École Polytechnique), he was an Inspector of Finances, one of the highest officials in France. His drama Henry VIII was set to music by Saint–Saens, and a sacred stage work was set by Gounod. He wrote five illustrated volumes on the nude in art. Set to music by Fauré.
Le Secret
Je veux que le matin l'ignore Le nom que j'ai dit à la nuit, Et qu'au vent de l'aube, sans bruit, Comme une larme il s'évapore. Je veux que le jour le proclame L'amour qu'au matin j'ai caché, Et, sur mon coeur ouvert penché, Comme un grain d'encens il l'enflamme. Je veux que le couchant l'oublie Le secret que j'ai dit au jour, Et l'emporte, avec mon amour, Aux plis de sa robe pâlie!
The Secret
O may the morn never know it, the name that I spoke to the night: may it vanish mute as a tear-drop on the breeze of the early light. O may the noonday proclaim it, the love that I hid from the morn: may it light on my heart, laid open; may my heart like an incense burn. O may dusk forget my secret, forget what I told to the day: in its robe’s pale folds may it carry my love and my secret away.
Published in AGENDA Poetry & Opera 2014

Translation: Copyright © Timothy Adès

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Testament

Set to music by Duparc.

Armand Silvestre (1837-1901)

Set to music by Duparc.
Pour que le vent te les apporte Sur l’aile noire d’un remord, J’écrirai sur la feuille morte Les tortures de mon coeur mort! Toute ma sève s’est tarie Aux clairs midis de ta beauté, Et, comme à la feuille flétrie, Rien de vivant ne m’est resté Tes yeux m’ont brulé jusqu’à l’âme, Comme des soleils sans merci! Feuille que le gouffre réclame, L’autan va m’emporter aussi ... Mais avant, pour qu’il te les porte Sur l’aile noire d’un remord, J’écrirai sur la feuille morte Les tortures de mon coeur mort!
Testament
For the wind to bring you On remorse’s black wing, On the dead leaf I’ll write My dead heart’s suffering. My sap is all withered In your beauty’s bright noon: Like the leaf that is faded My life is all gone. Cruel suns are your eyes, To my soul I am burned: A leaf to the chasm, Borne off by south wind. This, first, it shall bring you On remorse’s black wing: On the dead leaf I’ll write My dead heart’s suffering.
Published in AGENDA Poetry & Opera 2014

Translation: Copyright © Timothy Adès

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