Notre-Dame, Paris

Notre-Dame de Paris

Gérard de Nerval (1808-55)

Notre-Dame de Paris
Notre-Dame est bien vieille: on la verra peut-être Enterrer cependant Paris qu’elle a vu naître; Mais, dans quelque mille ans, le Temps fera broncher Comme un loup fait un bœuf, cette carcasse lourde, Tordra ses nerfs de fer, et puis d’une dent sourde Rongera tristement ses vieux os de rocher! Bien des hommes, de tous les pays de la terre Viendront, pour contempler cette ruine austère, Rêveurs, et relisant le livre de Victor; – Alors ils croiront voir la vieille basilique, Toute ainsi qu’elle était, puissante et magnifique, Se lever devant eux comme l’ombre d’un mort!
Notre-Dame, Paris
Notre-Dame’s old. Who knows if, by and by, She, who saw Paris born, shall see her die? Ages shall pass. Time, as the wolf subdues The ox, shall bring her heavy carcass down With his dull tooth, shall twist her iron thews, And gnaw her skeleton of ancient stone. From every land on earth a throng shall stream To view the dismal ruin, and shall dream, Reading the fable that great Victor made: They’ll see a vision of the hallowed pile, Mighty and splendid in its antique style, Rise up before them like a spectral shade!
Published in Festschrift for Patricia Oxley

Translation: Copyright © Timothy Adès

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Sunset

Le Coucher du Soleil

Gérard de Nerval (1808-55)

Le Coucher du Soleil
Quand le soleil du soir parcourt les Tuileries Et jette l’incendie aux vitres du château; Je suis la Grande Allée et ses deux pièces d’eau Tout plongé dans mes rêveries! Et de là, mes amis, c’est un coup d’œil fort beau De voir, lorsqu’à l’entour la nuit répand son voile, Le coucher du soleil, riche et mouvant tableau, Encadré dans l’Arc de l’Étoile!
Sunset
When sunset penetrates the Tuileries, Kindling a blaze on all the stately glass, By the Grand Avenue’s twin pools I pass, Plunged deep in my reveries! From there, my friends, it is spectacular: I watch, as round me spreads the veil of Night, The setting of the sun, a sumptuous sight, Framed in the Arch of the Star!

Translation: Copyright © Timothy Adès

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Song of Montenegro

Chant monténégrin

Gérard de Nerval (1808-55)

Chant monténégrin
C’est l’empereur Napoléon, Un nouveau César, nous dit-on, Qui rassembla ses capitaines : « Allez là-bas Jusqu’à ces montagnes hautaines ; N’hésitez pas ! » Là sont des hommes indomptables, Au cœur de fer, Des rochers noirs et redoutables Comme les abords de l’enfer. » Ils ont amené des canons Et des houzards et des dragons. « – Vous marchez tous, ô capitaines Vers le trépas ; Contemplez ces roches hautaines, N’avancez pas ! » Car la montagne a des abîmes Pour vos canons ; Les rocs détachés de leurs cimes Iront broyer vos escadrons. » Monténégro, Dieu te protège, Et tu seras libre à jamais, Comme la neige De tes sommets ! »
Song of Montenegro
Mighty Napoleon, Caesar’s new heir Summoned his captains, Told them: “Go there, Take those high mountains, March without fear! “Dauntless their warriors, Courage of steel. Black rocky barriers, Bulwarks of Hell.” Gathered, the guns, Lancers, dragoons. “Captains, your cohorts March to mischance: Gaze on these ramparts, Do not advance! “Mountain ravines Gape for your guns; High hurtling stones Crush your platoons. “Black-Mountain-Land, God shall dispose: Safe in His hand, Free as your snows!”

Translation: Copyright © Timothy Adès

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Thoughts of Byron ~ Elegy

Pensée de Byron ~ Élégie

Gérard de Nerval (1808-55)

Pensée de Byron ~ Élégie
Par mon amour et ma constance, J’avais cru fléchir ta rigueur, Et le souffle de l’espérance Avait pénétré dans mon cœur ; Mais le temps, qu’en vain je prolonge, M’a découvert la vérité, L’espérance a fui comme un songe… Et mon amour seul m’est resté ! Il est resté comme un abîme, Entre ma vie et le bonheur, Comme un mal dont je suis victime, Comme un poids jeté sur mon cœur ! Pour fuir le piège où je succombe, Mes efforts seraient superflus ; Car l’homme a le pied dans la tombe, Quand l’espoir ne le soutient plus. J’aimais à réveiller la lyre, Et souvent, plein de doux transports, J’osais, ému par le délire, En tirer de tendres accords. Que de fois, en versant les larmes, J’ai chanté tes divins attraits ! Mes accents étaient pleins de charmes, Car c’est toi qui les inspirais. Ce temps n’est plus, et le délire Ne vient plus animer ma voix ; Je ne trouve point à ma lyre Les sons qu’elle avait autrefois. Dans le chagrin qui le dévore, Je vois mes beaux jours s’envoler ; Si mon œil étincelle encore, C’est qu’une larme va couler ! Brisons la coupe de la vie ; Sa liqueur n’est que du poison ; Elle plaisait à ma folie, Mais elle enivrait ma raison. Trop longtemps épris d’un vain songe, Gloire ! amour ! vous eûtes mon cœur : O Gloire ! tu n’es qu’un mensonge ; Amour ! tu n’es point le bonheur !
Thoughts of Byron ~ Elegy
I thought my love and constancy Might cause your rigour to relent. The breeze of sweet expectancy Had stirred my deepest sentiment. I let the wasteful months run on Till they revealed the truth to me: My hope’s a dream that’s lost and gone, Only my love remains to me. My love remains, a cleft profound Between my life and my content, An agony, a victim’s wound, My spirit’s gross impediment. I’m in the snare and must succumb, For all exertions are in vain: A man has one foot in the tomb, When hope is lacking to sustain. I loved to re-awake the lyre, And often full of reveries I dared, excited by desire, To bid it play soft harmonies; And often bitterly I wept Singing your qualities divine, Enchantments of a love-adept, For you inspired those tones of mine. Those days have vanished now; desire No longer stirs this voice to sing; Nor can it conjure on my lyre Notes of our past, re-echoing. I see my days of bliss in flight As gnawing sorrow takes its toll; And if my eye is sparkling bright, Know that a tear prepares to fall. Dash down life’s cup: one bane the less! Its liquor is the merest poison. Though it has pleased my wilfulness, It maddened, with its fumes, my reason. Too long in futile dreams’ duress (Glory and Love!) my heart was pent; But, Glory, you are fraudulent, And, Love, you are not happiness.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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