In a Ruined Abbey

DANS LES RUINES D’UNE ABBAYE

Victor Hugo (1802-85)

DANS LES RUINES D’UNE ABBAYE
Seuls tous deux, ravis, chantants ! Comme on s’aime ! Comme on cueille le printemps Que Dieu sème ! Quels rires étincelants Dans ces ombres Pleines jadis de fronts blancs, De cœurs sombres ! On est tout frais mariés. On s’envoie Les charmants cris variés De la joie. Purs ébats mêlés au vent Qui frissonne ! Gaîtés que le noir couvent Assaisonne ! On effeuille des jasmins Sur la pierre Où l’abbesse joint ses mains En prière. Les tombeaux, de croix marqués, Font partie De ces jeux, un peu piqués Par l’ortie. On se cherche, on se poursuit, On sent croître Ton aube, amour, dans la nuit Du vieux cloître. On s’en va se becquetant, On s’adore, On s’embrasse à chaque instant, Puis encore, Sous les piliers, les arceaux, Et les marbres. C’est l’histoire des oiseaux Dans les arbres.
In a Ruined Abbey
Just we two, and we sing! Joy of love! He sowed, we reap the spring, God above! Shades here so tenebrous: laughter peals! Paled here so many brows, sombre souls! Here we are, new-married: We let fly charming cries, all varied: ecstasy! Pure frolics in breezes that shiver! The dark convent seasons our pleasure! Abbess’s two hands join in stone prayer: we pluck the white jasmine twining there. Marked with a cross, the tombs take their part in our innocent games: nettles smart! Hide and seek: and we sense love brings light to the old cloister, dawns in its night. I kiss you, you kiss me, we adore, clasping insistently, and there’s more, Pillars and arching curves, effigies. It’s the tale of the birds in the trees.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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Waterloo

Watterloo

Victor Hugo (1802-85)

From: The Expiation - Moscow, Waterloo, St Helena
Watterloo
Waterloo ! Waterloo ! Waterloo ! morne plaine ! Comme une onde qui bout dans une urne trop pleine, Dans ton cirque de bois, de coteaux, de vallons, La pâle mort mêlait les sombres bataillons. D’un côté c’est l’Europe et de l’autre la France. Choc sanglant ! des héros Dieu trompait l’espérance ; Tu désertais, victoire, et le sort était las. Ô Waterloo ! je pleure et je m’arrête, hélas ! Car ces derniers soldats de la dernière guerre Furent grands ; ils avaient vaincu toute la terre, Chassé vingt rois, passé les Alpes et le Rhin, Et leur âme chantait dans les clairons d’airain ! Le soir tombait ; la lutte était ardente et noire. Il avait l’offensive et presque la victoire ; Il tenait Wellington acculé sur un bois. Sa lunette à la main, il observait parfois Le centre du combat, point obscur où tressaille La mêlée, effroyable et vivante broussaille, Et parfois l’horizon, sombre comme la mer. Soudain, joyeux, il dit : Grouchy ! — C’était Blücher ! L’espoir changea de camp, le combat changea d’âme, La mêlée en hurlant grandit comme une flamme. La batterie anglaise écrasa nos carrés. La plaine où frissonnaient les drapeaux déchirés Ne fut plus, dans les cris des mourants qu’on égorge, Qu’un gouffre flamboyant, rouge comme une forge ; Gouffre où les régiments, comme des pans de murs, Tombaient, où se couchaient comme des épis mûrs Les hauts tambours-majors aux panaches énormes, Où l’on entrevoyait des blessures difformes ! Carnage affreux ! moment fatal ! L’homme inquiet Sentit que la bataille entre ses mains pliait. Derrière un mamelon la garde était massée, La garde, espoir suprême et suprême pensée ! — Allons ! faites donner la garde, — cria-t-il, — Et lanciers, grenadiers aux guêtres de coutil, Dragons que Rome eût pris pour des légionnaires, Cuirassiers, canonniers qui traînaient des tonnerres, Portant le noir colback ou le casque poli, Tous, ceux de Friedland et ceux de Rivoli, Comprenant qu’ils allaient mourir dans cette fête, Saluèrent leur dieu, debout dans la tempête. Leur bouche, d’un seul cri, dit : vive l’empereur ! Puis, à pas lents, musique en tête, sans fureur, Tranquille, souriant à la mitraille anglaise, La garde impériale entra dans la fournaise. Hélas ! Napoléon, sur sa garde penché, Regardait, et, sitôt qu’ils avaient débouché Sous les sombres canons crachant des jets de soufre, Voyait, l’un après l’autre, en cet horrible gouffre, Fondre ces régiments de granit et d’acier, Comme fond une cire au souffle d’un brasier. Ils allaient, l’arme au bras, front haut, graves, stoïques. Pas un ne recula. Dormez, morts héroïques ! Le reste de l’armée hésitait sur leurs corps Et regardait mourir la garde. — C’est alors Qu’élevant tout à coup sa voix désespérée, La Déroute, géante à la face effarée, Qui, pâle, épouvantant les plus fiers bataillons, Changeant subitement les drapeaux en haillons, À de certains moments, spectre fait de fumées, Se lève grandissante au milieu des armées, La Déroute apparut au soldat qui s’émeut, Et, se tordant les bras, cria : Sauve qui peut ! Sauve qui peut ! — affront ! horreur ! — toutes les bouches Criaient ; à travers champs, fous, éperdus, farouches, Comme si quelque souffle avait passé sur eux, Parmi les lourds caissons et les fourgons poudreux, Roulant dans les fossés, se cachant dans les seigles, Jetant shakos, manteaux, fusils, jetant les aigles, Sous les sabres prussiens, ces vétérans, ô deuil ! Tremblaient, hurlaient, pleuraient, couraient ! — En un clin d’œil, Comme s’envole au vent une paille enflammée, S’évanouit ce bruit qui fut la grande armée, Et cette plaine, hélas, où l’on rêve aujourd’hui, Vit fuir ceux devant qui l’univers avait fui ! Quarante ans sont passés, et ce coin de la terre, Waterloo, ce plateau funèbre et solitaire, Ce champ sinistre où Dieu mêla tant de néants, Tremble encor d’avoir vu la fuite des géants ! Napoléon les vit s’écouler comme un fleuve ; Hommes, chevaux, tambours, drapeaux ; — et dans l’épreuve Sentant confusément revenir son remords, Levant les mains au ciel, il dit : — Mes soldats morts, Moi vaincu ! mon empire est brisé comme verre. Est-ce le châtiment cette fois, Dieu sévère ? — Alors parmi les cris, les rumeurs, le canon, Il entendit la voix qui lui répondait : Non !
Waterloo
Waterloo! Waterloo! disastrous field! Like a wave swelling in an urn brim-filled, Your ring of hillsides, valleys, woods and heath Saw grim battalions snarled in pallid death. On this side France, against her Europe stood: God failed the heroes in the clash of blood! Destiny faltered, victory turned tail. O Waterloo, alas! I weep, I fail! Those last great soldiers of the last great war Were giants, each the whole world's conqueror: Crossed Alps and Rhine, made twenty tyrants fall. Their soul sang in the brazen bugle-call! * Night fell; the fight was burning fierce, and black. He grasped the victory, was on the attack, Held Wellington pinned down against a wood. Eyeglass in hand, observing all, he stood: Now the dark midpoint of the battle’s fires, A throbbing clutch of frightful, living briars; Now the horizon, sombre as the sea. He gave a sudden, joyous cry: ‘Grouchy!’ ’Twas Blücher! Hope changed sides, the combat swayed, Like wildfire surged the howling fusillade. The guns of England broke the squares of France. Amid the cries of slaughtered combatants, The plain where our torn banners shook and spread Was but a fiery chasm, furnace-red. Regiments tumbled down like lengths of wall. Like stalks of corn the great drum-majors fall, Their plumes, full-length, enormous on the ground; And every view revealed a hideous wound. Grim carnage! fatal moment! There he stands, Anxious, the battle pliant in his hands. Behind a little hill was massed the Guard, The last great hope, supreme and final word! ‘Send in the Guard!’ he cries, and grenadiers In their white gaiters, lancers, cuirassiers, Dragoons that Rome would count among her sons, Men who unleashed the thunder of the guns, The men of Friedland and of Rivoli, Black busbies, gleaming helms, in panoply, Knowing this solemn feast must be their last, Salute their god, erect amid the blast. ‘Long live the emperor!’ A single cry; Then at slow march, bands playing, steadily, The Guard came smiling on, the Imperial, Where English salvoes raked the crucible. Alas! Napoleon with gaze intense Watched the advance: he saw his regiments Under the sulphurous venom of the guns: He saw those troops of stone and steel at once Melted, all melted in the pit of death, As melts the wax beneath the brazier's breath. Steadfast and stoic, sloped arms and unbowed head, They went. None flinched. Then sleep, heroic dead! ... All the remainder stood and stared, held hard, Motionless watched the death-throes of the Guard. All of a sudden now they see her rise: Defeat! Grim-faced, with loud despairing cries, Putting the proudest regiments in dread, Turning their banners to a tattered shred, At certain times, a wraith, a smoke-wreathed ghost, Rears up erect and huge amid the host. Wringing her hands, to soldiers terrified, Defeat appeared: ‘Run for your lives!’ she cried. Run for your lives! shame, dread! each soldier bawled: Across the fields, distraught, wild-eyed, appalled, Between the dusty wagons and the kegs As if a wind came blowing on their legs, In ditches rolled, in cornfields crouched to hide, Their shakos, coats, guns, eagles cast aside Under the Prussian swords, each veteran (O sorrow!) howled with terror, wept and ran. At once, like burning straw by tempests blown, All the Grand Army’s battle-roar was gone. Here we may stand, and dream: for from this site They fled, who put the universe to flight. Forty years on, this shunned and dismal field, This Waterloo, this crevice of the world, Where God piled nullity on nullity, Still trembles to have seen the giants flee! * Napoleon saw them pouring like a flood: Men, steeds, drums, flags. Facing his fate he stood, Confused, as if repining; then he said, Raising his hands to heaven: ‘My soldiers dead, I and my empire broken in the dust. Is this thy chastening, O God most just?’ Amid the cries, the guns, the tumult, lo! He heard the voice that gave him answer: No!
Winner, John Dryden Prize. Published in 'Comparative Criticism' (Cambridge U.P.) and by The Napoleonic Society of America.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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Luna

Luna (Jersey, le 31 mars 1853)

Victor Hugo (1802-85)

Luna (Jersey, le 31 mars 1853)
Ô France, quoique tu sommeilles, Nous t'appelons, nous les proscrits ! Les ténèbres ont des oreilles, Et les profondeurs ont des cris. Le despotisme âpre et sans gloire Sur les peuples découragés Ferme la grille épaisse et noire Des erreurs et des préjugés ; Il tient sous clef l'essaim fidèle Des fermes penseurs, des héros, Mais l'Idée avec un coup d'aile Ecartera les durs barreaux, Et, comme en l'an quatre-vingt-onze, Reprendra son vol souverain ; Car briser la cage de bronze, C'est facile à l'oiseau d'airain. L'obscurité couvre le monde, Mais l'Idée illumine et luit ; De sa clarté blanche elle inonde Les sombres azurs de la nuit. Elle est le fanal solitaire, Le rayon providentiel. Elle est la lampe de la terre Qui ne peut s'allumer qu'au ciel. Elle apaise l'âme qui souffre, Guide la vie, endort la mort ; Elle montre aux méchants le gouffre, Elle montre aux justes le port. En voyant dans la brume obscure L'Idée, amour des tristes yeux, Monter calme, sereine et pure, Sur l'horizon mystérieux, Les fanatismes et les haines Rugissent devant chaque seuil, Comme hurlent les chiens obscènes Quand apparaît la lune en deuil. Oh ! contemplez l'Idée altière, Nations ! son front surhumain A, dès à présent, la lumière Qui vous éclairera demain !
Luna
O France, though you are lulled in sleep, Hear us, the banished! hear our call! The shades have ears to hear; the deep Has cries to voice, has tears to weep. Harsh tyranny inglorious Oppresses and discourages, Holds us behind the thick black bars Of error and of prejudice, Holds heroes under lock and key, The faithful band of steadfast hearts. But Thought’s bright wing shall presently Smash the hard prison-bars apart, And as in ’91, again In soaring flight shall all surpass! To break the bars of bronze in twain Is easy for the bird of brass. The world is all obscurity; But Thought illumines, throws a light, Flooding with limpid clarity The sombre shadows of the night. Thought is the lonely beacon-light, Thought is the providential ray, Only in heaven flaring bright, The lamp of earth till dawn of day. Thought soothes the soul’s unhappiness, Life’s guiding star, that shuts death’s eyes, Showing the wicked the abyss, Showing the good where safety lies. When Thought looms up in mists obscure, For grieving eyes a vision fond, And rises, calm, serene and pure In the mysterious beyond, Delusions, hatreds, zealotries At every threshold roar and wail, As loathsome dogs howl obloquies, Bay at the moon’s funereal veil. Nations! Take heed of lofty Thought, Whose superhuman brow displays, Already, that refulgent light, The light to guide you, all your days.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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The Moon

La Lune

Victor Hugo (1802-85)

La Lune
L’Olympe a dans l’azur des degrés inconnus ; Un jour, en descendant cet escalier, Vénus Tomba, se fit des bleus ailleurs que sur la face, Et les hommes en bas rirent ; l’effroi s’efface Quand on peut voir les dieux par leur autre côté. - Soit, dit alors Vénus, pour leur rire effronté, Les hommes, ayant eu cette bonne fortune, Ne verront plus de moi que cela. –                                                         C’est la lune!
The Moon
Mount Olympus in heaven has steps, not well-known. One day on this staircase, as Venus came down, She fell, and got bruises, and not on her face. Down below, people tittered. Now, dread has no place, When we get a clear view of the gods’ other side. Such merriment! Venus was quite mortified. She said: ‘Well! Since mankind has enjoyed such a boon, They shall see nothing else of me: only…’ - The Moon!
(Toute la lyre, VII, 14 ; p. 454)

Translation: Copyright © Timothy Adès

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Come! Flute invisible

Viens ! - une flûte invisible

Victor Hugo (1802-85)

Viens ! - une flûte invisible
Viens ! - une flûte invisible Soupire dans les vergers. - La chanson la plus paisible Est la chanson des bergers. Le vent ride, sous l'yeuse, Le sombre miroir des eaux. - La chanson la plus joyeuse Est la chanson des oiseaux. Que nul soin ne te tourmente. Aimons-nous! aimons toujours ! - La chanson la plus charmante Est la chanson des amours.
Come! Flute invisible
Come! Flute invisible Sighs in the orchards. Song most peaceable, Song of the shepherds. Holm-oak: winds ruffle Dark mirror-waters. Song most joyful, Song of winged creatures. Be you not fretful! Let’s love for ever. Song most delightful, Song of the lover.
For François Le Roux

Translation: Copyright © Timothy Adès

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To the Trees

Aux arbres

Victor Hugo (1802-85)

Aux arbres
Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme! Au gré des envieux, la foule loue et blâme ; Vous me connaissez, vous! - vous m'avez vu souvent, Seul dans vos profondeurs, regardant et rêvant. Vous le savez, la pierre où court un scarabée, Une humble goutte d'eau de fleur en fleur tombée, Un nuage, un oiseau, m'occupent tout un jour. La contemplation m'emplit le coeur d'amour. Vous m'avez vu cent fois, dans la vallée obscure, Avec ces mots que dit l'esprit à la nature, Questionner tout bas vos rameaux palpitants, Et du même regard poursuivre en même temps, Pensif, le front baissé, l'oeil dans l'herbe profonde, L'étude d'un atome et l'étude du monde. Attentif à vos bruits qui parlent tous un peu, Arbres, vous m'avez vu fuir l'homme et chercher Dieu! Feuilles qui tressaillez à la pointe des branches, Nids dont le vent au loin sème les plumes blanches, Clairières, vallons verts, déserts sombres et doux, Vous savez que je suis calme et pur comme vous. Comme au ciel vos parfums, mon culte à Dieu s'élance, Et je suis plein d'oubli comme vous de silence! La haine sur mon nom répand en vain son fiel ; Toujours, - je vous atteste, ô bois aimés du ciel! - J'ai chassé loin de moi toute pensée amère, Et mon coeur est encor tel que le fit ma mère! Arbres de ces grands bois qui frissonnez toujours, Je vous aime, et vous, lierre au seuil des autres sourds, Ravins où l'on entend filtrer les sources vives, Buissons que les oiseaux pillent, joyeux convives! Quand je suis parmi vous, arbres de ces grands bois, Dans tout ce qui m'entoure et me cache à la fois, Dans votre solitude où je rentre en moi-même, Je sens quelqu'un de grand qui m'écoute et qui m'aime! Aussi, taillis sacrés où Dieu même apparaît, Arbres religieux, chênes, mousses, forêt, Forêt! c'est dans votre ombre et dans votre mystère, C'est sous votre branchage auguste et solitaire, Que je veux abriter mon sépulcre ignoré, Et que je veux dormir quand je m'endormirai.
To the Trees
You forest trees, how well you know my mind! The envious crowd is raucous and unkind; You know my soul! You’ve seen me as I’ve gone Gazing and musing in your depths alone: You know the outcrop that the beetle scours, The humble raindrop falling through the flowers, A bird, a cloud: all day I cannot move, As contemplation fills my heart with love. Often you’ve seen me, in the shady glen, Find words to put to nature from the brain, Quietly questioning your trembling boughs; Then, equable, and simultaneous, Pensive, head down, eyes on the leaves of grass, I quiz the atom and the universe. Trees, in your sounds I hear your every word: Through you, I flee from man and seek the Lord! You leaves that quiver at a branch’s end, Nests whose white feathers journey on the wind, Clearings, green vales, wild places, bane or balm, You know that, just like you, I’m pure and calm. My prayers climb to heaven like your fragrance; My skill is to forget, as yours is silence! In vain upon me hatred’s bile is poured; Hear this, you woods belovéd of the Lord! All bitter thoughts are banished and must fade: My heart is still the heart my mother made! I love the trees who shudder in the groves, And ivy too, mute climber on mute boughs; Ravines where living springs are heard to spill, Shrubs the birds plunder, feasting with a will! Surrounded in your forests, mighty trees, Safely concealed, I know this truth, at ease Within myself, and all alone with you: That a great being hears and loves me too! Forest, I’ll seek your shade and mystery, Under your solemn lonely canopy, And hide my grave in calm obscurity: For when I sleep, it’s there I wish to be.
Published online by Richard Berengarten, the Tree Project

Translation: Copyright © Timothy Adès

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The Ladybird

La coccinelle

Victor Hugo (1802-85)

La coccinelle
Elle me dit : Quelque chose Me tourmente. Et j'aperçus Son cou de neige, et, dessus, Un petit insecte rose.   J'aurais dû - mais, sage ou fou, A seize ans on est farouche, Voir le baiser sur sa bouche Plus que l'insecte à son cou.   On eût dit un coquillage ; Dos rose et taché de noir. Les fauvettes pour nous voir Se penchaient dans le feuillage.   Sa bouche franche était là : Je me courbai sur la belle, Et je pris la coccinelle ; Mais le baiser s'envola.   - Fils, apprends comme on me nomme, Dit l'insecte du ciel bleu, Les bêtes sont au bon Dieu, Mais la bêtise est à l'homme.
The Ladybird
She told me ‘Something’s tickling’, and I checked, looked at her snowy neck, and on it saw a little pink insect...     ...and not - but at sixteen one’s what-the-heck naughty or nice - the kiss upon her lips: just the bug on her neck.     You’d say, from this pink back, spotted with black, a shellfish… Warblers in the foliage were craning for a look.     Her mouth, so free! I hovered by the fay, bent to her beauty, took the ladybird: but the kiss flew away.   ‘Look at my name: we darling beasts are holy,’ says the sky-flyer: ‘we are Our Lady’s birds; mankind wreaks beastly folly.’

Translation: Copyright © Timothy Adès

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From: Life Outdoors

de ‘La vie aux champs’

Victor Hugo (1802-85)

de ‘La vie aux champs’
Dès que je suis assis, les voilà tous qui viennent. C'est qu'ils savent que j'ai leurs goûts; ils se souviennent Que j'aime comme eux l'air, les fleurs, les papillons Et les bêtes qu'on voit courir dans les sillons. Ils savent que je suis un homme qui les aime, Un être auprès duquel on peut jouer, et même Crier, faire du bruit, parler à haute voix; Que je riais comme eux et plus qu'eux autrefois, Et qu'aujourd'hui, sitôt qu'à leurs ébats j'assiste, Je leur souris encor, bien que je sois plus triste ; Ils disent, doux amis, que je ne sais jamais Me fâcher ; qu'on s'amuse avec moi ; que je fais Des choses en carton, des dessins à la plume ; Que je raconte, à l'heure où la lampe s'allume, Oh! des contes charmants qui vous font peur la nuit ; Et qu'enfin je suis doux, pas fier et fort instruit. Aussi, dès qu'on m'a vu : «Le voilà !» tous accourent. Ils quittent jeux, cerceaux et balles; ils m'entourent Avec leurs beaux grands yeux d'enfants,sans peur,sans fiel, Qui semblent toujours bleus, tant on y voit le ciel ! Les petits -- quand on est petit, on est très-brave -- Grimpent sur mes genoux; les grands ont un air grave ; Ils m'apportent des nids de merles qu'ils ont pris, Des albums, des crayons qui viennent de Paris ;…
From: Life Outdoors
I sit, and they come – they know I share Their taste for butterflies, flowers, fresh air And animals scurrying everywhere. They know I’m a person who’s fond of them, They can play near me, shout and scream, And ages ago I laughed the same: And I laugh and I smile at them today, Though I’m sadder now, as I watch them play. I’m always fun and I’m never fractious, Make cardboard models and pen-and-ink sketches: They say so: and when we light the light, I tell them stories that scare them at night: I’m gentle and modest, and erudite. They see me, and ‘Look! He’s there!’ – they’ve downed Their toys, they run to me, they surround! Wide eyes, so fearless and friendly too: Such heavenly eyes, they must be blue! Little ones climb on my knees, they’re bold; Big ones look solemn, being so old. They bring me a borrowed blackbird’s nest, With scrapbooks and crayons, France’s best…
Online in The High Window French Translation Supplement, 2022

Translation: Copyright © Timothy Adès

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The poet

Le poète

Victor Hugo (1802-85)

Le poète
"Le poète en des jours impies Vient préparer des jours meilleurs, Il est l’homme des utopies, Les pieds ici, les yeux ailleurs."
The poet
The poet comes in reprobate times, to prepare for better days. He is the man utopiate: his feet are here, but not his gaze.
Les Rayons et les Ombres, Préface, 1840 From the Preface to: ‘Sunbeams and Shadows’

Translation: Copyright © Timothy Adès

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Borgia

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French

Borgia

Victor Hugo (1802-85)

Je me penchai. J’étais dans le lieu ténébreux; Là gisent les fléaux avec la nuit sur eux; Et je criai: — Tibère! — Eh bien? me dit cet homme. — Tiens–toi là. — Soit. — Néron! — L’autre monstre de Rome Dit: — Qui donc m’ose ainsi parler? — Bien. Tiens–toi là. Je dis: — Sennachérib! Tamerlan! Attila! — Qu’est–ce donc que tu veux? répondirent trois gueules. — Restez là. Plus un mot. Silence. Soyez seules. Je me tournai: — Nemrod! — Quoi? — Tais–toi. — Je repris: — Cyrus! Rhamsès! Cambyse! Amilcar! Phalaris! — Que veut–on? — Restez là. — Puis, passant aux modernes, Je comparai les bruits de toutes les cavernes, Les antres aux palais et les trônes aux bois, Le grondement du tigre au cri d’Innocent trois, Nuit sinistre où pas un des coupables n’échappe, Ni sous la pourpre Othon, ni Gerbert sous la chape. Pensif, je m’assurai qu’ils étaient bien là tous, Et je leur dis: — Quel est le pire d’entre vous? Alors, du fond du gouffre, ombre patibulaire Où le nid menacé par l’immense colère Autrefois se blottit et se réfugia, Satan cria: — C’est moi! — Crois–tu? dit Borgia.
Borgia
I leaned and I looked in the shadowy zone Where lurk in dark night all the tyrants, the Scourges. I called out ‘Tiberius!’ and ‘Well?’ he replied: ‘Just stay there.’ ‘Agreed.’ ‘Nero!’ Rome’s other villain: ‘Who dares to accost me?’ Said I: ‘Good. Stay put.’ ‘Sennacherib! Tamburlaine! Attila!’ ‘What Do you want?’ said three maws. ‘Stay there. Quiet! On your own: Not a word.’ I turned. ‘Nimrod!’ ‘What?’ ‘Silence!’ And then ‘Rhamses! Hamilcar! Phalaris! Cyrus! Cambyses!’ ‘What is it?’ ‘Stay there.’ So I passed to the moderns, Comparing the noises from so many caverns, The throne to the forest, the cave to the palace, Pope Innocent screaming, the tiger who bellows: Evil night which the guilty can never escape, Not Otto in purple, not Gerbert in cope. All were present, correct: I checked carefully first: And I asked them ‘Of all of you, which is the worst?’ From deep in the gulf, from the gloom of the gallows, Where once long ago like a fledgling in danger He cowered and fled from the infinite anger, Satan roared ‘It is I!’… ‘Do you think so?’ said Borgia.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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