My Familiar Dream

Mon rêve familier

Paul Verlaine (1844-96)

Mon rêve familier
I often have this strange and striking dream: Some woman, whom I love, and who loves me; Loves me and understands; not utterly Different each time, not utterly the same. She understands me, she alone, and clears My clouded heart, uncomplicated now For her alone; my damp and pallid brow She, she alone, can freshen, with her tears. Her hair: brown, blonde or auburn? I don’t know. Her name resembles music sweet and low, Like names of loved ones Life has sent away; Her gaze is like a statue’s, and her tone Of voice is distant, calm, and grave: you’d say, Like those dear voices that are hushed and gone.
My Familiar Dream
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend. Car elle me comprend, et mon coeur, transparent Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême, Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant. Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore. Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore Comme ceux des aimés que la Vie exila. Son regard est pareil au regard des statues, Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
Published 2013 in Cantalao 1.1, a magazine devoted to Neruda

Translation: Copyright © Timothy Adès

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